Les perturbateurs endocriniens

Les perturbateurs endocriniens

Le système endocrinien est composé de glandes qui ne sont pas dotées de canaux et d'autres structures semblables. Le système endocrinien comprend les ovaires, les testicules, les glandes thyroïde, parathyroïdes et surrénales, l'hypophyse, l'épiphyse cérébrale, le pancréas ainsi que les cellules sécrétrices d'hormones situées dans le tube digestif, les reins, le cœur et le placenta. Les glandes endocrines sécrètent des substances chimiques appelées hormones, alors que les autres glandes de l'organisme produisent d'autres substances ou liquides.

Le système endocrinien est important parce qu'il coordonne et régule nombre des fonctions essentielles de l'organisme (croissance et développement, comportement…).

Les PE sont des molécules chimiques d’origine naturelle (ex : phyto-œstrogène) ou artificielle (ex : retardateurs de flammes bromés) qui peuvent interférer avec la synthèse, le stockage, le transport, le métabolisme, la fixation, l’action ou l’élimination des hormones naturelles. Ces substances sont susceptibles de modifier le fonctionnement d’une partie du système endocrinien et d’entraîner des conséquences sur la reproduction et le comportement. 

Leurs effets peuvent également se manifester dans la descendance des sujets exposés.


Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), les perturbateurs endocriniens se définissent comme suit : 

« Un perturbateur endocrinien (PE) désigne une substance (ou un mélange) exogène qui altère la (les) fonction(s) de l’appareil (du système) endocrinien et induit en conséquence des effets nocifs (adverses) sur la santé d’un organisme intact, ou de ses descendants, ou au sein de (sous-) populations. » 


Les PE peuvent interférer sur le système endocrinien de 3 façons :

  1. Imiter l’action d’une hormone naturelle et provoquer la réponse des cellules cibles à cette hormone.
  2. Bloquer la fixation d’une hormone sur son récepteur au niveau des cellules cibles ; le signal normal n'est pas émis et l'organisme ne réagit pas comme il le devrait.
  3. Gêner ou bloquer la production ou la régulation d’une hormone ou de son récepteur et donc modifier le signal hormonal

Certaines études menées chez l’animal ont montré qu’un tel effet peut être à l’origine de pathologies. L’observation des effets avérés des perturbateurs endocriniens chez l’homme est beaucoup plus rare et moins documentée. Les effets néfastes observés chez l’animal apparaissent ainsi comme des hypothèses de travail vu que leur transposition à l’homme n’est pas formellement démontrée.

Exemple de pathologies : trouble de la fertilité, puberté précoce, cancer….

Règlementation

La réglementation liée aux perturbateurs endocriniens est très récente au niveau européen et français. Malgré l’absence de définition commune, la notion de perturbation endocrinienne a progressivement été intégrée par la Commission européenne dans l'ensemble de la réglementation européenne pertinente.

En France, il n’existe pas à ce jour de réglementation spécifique applicable en tant que telle aux perturbateurs endocriniens. La prévention des risques liés à ces substances répond en conséquence aux mêmes exigences que toute démarche de prévention. Sa formalisation est identique à celle mise en œuvre pour l’ensemble des risques professionnels et consiste pour l’employeur à évaluer les risques, les supprimer ou les réduire, informer et former les salariés. 

Elle s’appuie notamment sur :

  • Les principes généraux de prévention (articles L. 4121-1 et suivants)
  • Les dispositions particulières applicables aux risques chimiques (articles R. 4412-1 et suivants) définis dans le Code du travail.

Notre base pour la gestion des PE sur les lieux de travail est le Règlement REACH. Ce dernier indique les obligations des fabricants et importateurs de produits chimiques en fonction des quantités produites. Nous retrouverons donc le caractère de perturbateur endocrinien grâce à ce Règlement.

Si les substances sont produites en quantité supérieure à 1 tonne par an, l’industriel doit renseigner les informations du produit dans un logiciel. On retrouve ces informations dans le logiciel REACH-IT que l’on retrouve sur le site de l’ECHA (). Après évaluation des dossiers d’enregistrement par les autorités et l’inventaire des classifications puis l’étiquetage, REACH met en place un système d’autorisation. Sont éligibles à ce système certains types de substances (CMR par exemple) et d’autres suscitant un niveau de préoccupation équivalent tels que les PE.

En plus de cela, pour les substances produites en quantité supérieure à 10 tonnes par an, le fabricant ou importateur doit réaliser un rapport sur la sécurité chimique. Ce dernier comporte l’ensemble des données relatives aux scénarii d’exposition, l’ensemble des données toxicologiques et les mesures de gestion des risques.

Pour les substances produites en quantité inférieure à 1 tonne par an, elles sont classées sur le site ECHA avec des renseignements tels que les notifications de dangerosité et la liste des mélanges dans lesquelles on retrouve la substance.

Nous pouvons également retrouver le caractère de perturbateur endocrinien grâce à la fiche de données de sécurité du produit (FDS) en consultant les rubriques 2, 3 et 15.

De plus les types de substances perturbatrices du système endocrinien et les principales activités concernées sont :

  • Additifs alimentaires antioxydants : industrie agroalimentaire
  • Additifs essence : fabrication de carburant
  • Anti UV : fabrication de cosmétiques
  • Biocides : fabrication dans l’industrie chimique, utilisation de produits à usage biocides
  • Bisphénols : fabrication de résines époxydiques, de polycarbonates et manipulation de papiers thermiques
  • Monomères : fabrication des matériaux plastiques
  • Parfums : fabrication de parfums
  • Phytosanitaires : secteur agricole
  • Plastifiants : fabrication de matériaux plastiques
  • Retardateurs de flammes : traitement des matériaux textiles
  • Solvants : Fabrication des solvants
  • Sous-produits de dégradation : émissions de cokerie
  • Polychlorobiphényles : filière des déchets

Sachant que les effets de la plupart des perturbateurs endocriniens sont encore mal compris, le meilleur moyen de prévention contre ces substances est le principe de précaution.

Ce principe, défini, au niveau européen en 2002, permet aux états de réagir rapidement face à un possible danger pour la santé humaine, animale ou végétale et pour la protection de l’environnement.

En France, ce principe, défini dans la Charte de l’Environnement, repose sur le recours à la gestion publique de situations de risques potentiellement graves et/ou irréversibles pour la santé. Cependant, ce principe peut également être appliqué au sein des locaux des entreprises par rapport à des produits dont ils jugent les risques incertains.

L’application de ce principe peut être assez compliqué cependant et dépend de l’effet voulu par la direction de l’entreprise.

Plusieurs méthodes d’application sont possibles :

  • Analyse « coûts-bénéfices économiques »
  • Arbitrage entre les risques
  • Analyse « coûts-efficacité »
  • Analyse des « avantages et désavantages de l’action et de l’inaction »

La meilleure solution reste de considérer ces substances au même niveau qu’une substance de type CMR. Cette méthode passe par une analyse par ordre de priorité :

  • Recherche des PE et des situations de travail donnant lieu à une exposition
  • Supprimer la substance par changement de process ou substitution du produit par un produit moins dangereux
  • Réduire le risque à la source en travaillant en vase clos
  • Mettre en place des mesures de prévention collectives et/ou organisationnelles

Date de dernière mise à jour : 2019

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